Ouvert aux initiatives solidaires, le Tour de Belle-Ile accueille une nouvelle fois l’équipage de Team Jolokia, projet lancé en 2012 et dont l’objectif est de promouvoir la diversité. Explications par Pierre Meisel.
Le Tour de Belle-Ile restera pour le Team Jolokia une course à part. Il y a un an, c’est en effet sur la sixième édition que le VOR 60 battant pavillon de l’association disputait sa toute première régate, quelques mois après le lancement du projet par Pierre Meisel et Eric Bellion, marins confirmés. « Le Tour de Belle-Ile était en effet notre première course, confirme le premier. Le format était idéal pour faire découvrir la compétition à ceux qui ne connaissaient pas du tout, soit une bonne partie de l’équipage. Vous imaginez l’émotion de ces sept équipiers de se retrouver à bord d’un VOR 60 sur une ligne de départ de 500 bateaux pour leur première course ! C’est le genre de moment qui permet de créer une base commune, c’est notre point de départ. »
Le point de départ d’un projet original, lancé en 2012, dont le but est de faire rimer diversité avec richesse et performances : « Nous voulions réunir sur un bateau très exigeant des personnes représentant toute la diversité de la société, venant de milieux sociaux différents et habituellement discriminées dans le monde du travail, à savoir des moins de 25 ans, des plus de 50 ans, des femmes, des étrangers, des personnes handicapées, pour montrer que ces gens pouvaient travailler et être performants ensemble. Si on réussit à faire cohabiter cette diversité dans un petit espace de 19 mètres et un contexte de course au large où nous sommes toujours mouillés et les uns sur les autres, c’est la preuve qu’elle peut marcher dans un bureau. »
L’idée a en tout cas plu, puisque l’association, reconnue d’intérêt général, a rapidement reçu le soutien de mécènes et non des moindres, tels que le groupe Lafarge, TF1, Sopra Group ou l’agglomération de Lorient, ce qui a permis de faire l’acquisition d’un VOR 60 déniché à Southampton, grâce notamment à l’aide désintéressée du « sorcier de la météo », Jean-Yves Bernot. « Un ancien Dragon Booth qui a fait la Volvo 2001-2002 et était skippé par Knut Frostad, l’actuel patron de la Volvo, poursuit Pierre Meisel. Il était incroyablement clean quand nous l’avons trouvé, en parfait état, nous n’avons pas réfléchi quarante ans pour l’acheter. »
Restait ensuite à sélectionner l’équipage, mélange de néophytes et de marins plus expérimentés pour les postes techniques, et à faire monter la mayonnaise, avec, comme point de départ, ce Tour de Belle-Ile 2013. « Sur l’eau, ce fut compliqué car il y a eu très peu de vent, et surtout, nous n’avions pas encore notre code zéro. Du coup, il a fallu se battre pour rester dans le match, mais dans la difficulté, l’équipage a très bien réagi et cette première course a permis de souder le groupe. » Un an plus tard, Team Jolokia sera de retour sur la septième édition le 10 mai, fort d’un bilan « étonnant » aux yeux de Pierre Meisel, mais également des mécènes engagés dans l’aventure : « Cela a été au-delà de nos espérances : en un an, l’équipage n’a jamais connu la moindre fissure dans sa cohésion. La diversité fait que d’office, chacun est en permanence dans l’attention à l’autre et dans la construction du groupe, il en ressort une bonne capacité à travailler et à progresser. Nous sommes complètement dans les clous de ce que nous voulions faire. »
Preuve que le concept plaît, les membres du Team Jolokia ont reçu le 31 mars la médaille du Conseil économique social et environnemental pour « encouragement à la confiance et au vivre ensemble », Jean-Paul Delevoye, son président, soulignant au moment de remettre le prix l’importance de ce genre d’initiatives dans un monde où l’individualisme prend trop souvent le pas sur la solidarité et le partage : « En partageant, on s’enrichit collectivement. Il fallait absolument vous distinguer tellement vous êtes extraordinaires. Vous représentez le progrès et faites reculer les limites du possible. Vous êtes le symbole du « Tout est possible » : dans chaque individu, il y a un Mozart qui s’ignore. Il faut avoir de la chance pour rencontrer celui qui vous révèle. » Bel hommage de la République et surtout une récompense méritée pour un projet qui n’a pas fini de grandir, avec, devant l’étrave de Team Jolokia, un joli programme jusqu’en 2016, dont la Sydney-Hobart et la Québec-Saint-Malo. En attendant, ce sera autour de Belle-Ile le 10 mai 2014 que l’équipage fêtera en quelque sorte son premier anniversaire…
